QUELLE METHODOLOGIE POUR CARTOGRAPHIER LES DETTES INTERIEURE/EXTERIEURE D'UN PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT

Publié le par mayilou brialy

NB: Je relais ici les points clés d'un offre technique soumise à l'occasion d'un appel d'offre d'une représentation de l'Union Européenne émise en Mars 2019 et visant à recruter un consultant pour la réalisation d'une cartographie des dettes intérieures et extérieures d'un pays en voie de développement. Bien que cette dernière ne fut pas retenue, son ossature reste importante car c'est grosso modo une approche hétérodoxe vu le manque de disponibilité de données fiables dans la majorité de ces pays.

 

En 1776, Adam SMITH intitula son ouvrage « Richesse des Nations » et non « Richesses des Nations » ou « Richesses des hommes ». On peut bien se demander pourquoi le mot « richesse » fut mis au singulier et pourquoi l’accent fut mis sur les « Nations » et non les habitants de ces dernières pris individuellement. Cela s’explique par le simple fait que le problème posé par ce qui est à ce jour le premier traité d’économie libérale est lié aux causes et à la répartition de la Richesse d’une Nation entre ses habitants (ce que le World Development Report de la Banque Mondiale nomme aujourd’hui « le PIB/habitant »). D’ailleurs, le titre intégral se traduit comme suit : « Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations ». Aussi, contrairement à F. QUESNAY qu’il rencontra juste avant, il montra que l’amélioration du PIB/habitant s’explique par la rencontre d’une main d’œuvre qualifiée (le travail) avec un capital suffisamment important pour favoriser l’essor de l’industrie, ou de l’économie en général et non du sol comme pensaient les physiocrates guidéspr QUESNAY. Aussi, d’après ce paradigme, tant qu’un pays est doté d’une main d’œuvre et de suffisamment de capital pour être investi dans l’innovation technologique (Schumpeter), sa population finit par épargner suffisamment, épargne qui est réinvestie dans l’économie. Une telle économie n’a donc pas besoin de faire venir les ressources de l’extérieur pour être financée. C’est le cas des nations classés « Nations à revenu élevé » par le World Development Report de la Banque Mondiale.

Or avec environ 3000 USD de PIB par habitant en 2010, la majorité des pays qui font l'objet de cette étude peut être classée dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire-faible. Aussi, n’ayant ni une main d’œuvre qualifiée ni un environnement propice à l’investissement, ces pays n’ont pas assez de moyens pour honorer leurs engagements vis-à-vis des agents économiques internes qui leur ont offert des services, livré des biens etc. (les salariés de l’Etat, les entreprises bénéficiaires de marchés publics, …) : c’est la dette intérieure. Ayant une des recettes reposant largement sur la vente des matières premières, des produits spéculatifs vendus généralement en USD, les ressources viennent vite à manquer et s’endetter à l’extérieur devient la dernière issue : c’est la dette extérieure, endémique à la majorité des Pays en voie de développement, impactant le compte courant de la balance des paiements.

Ma proposition pour cartographier les dettes intérieure et extérieure du Congo est de réaliser une analyse (certes fastidieuse) des origines de tous les postes de l’économie générateurs de ces flux, secteur par secteur.

Aussi, pour la dette intérieure, au de se focaliser sur les données des institutions collectrices des données, il faudrait recouper l’information au niveau des organisations syndicales des entités ou des collectifs impliqués ainsi que le représentants de la société civile.

Pour ce qui est de la dette extérieure, il ne faudrait pas se contenter des postes de la rubrique « Compte financier » concernés, il faudrait toujours remonter les origines des flux financiers entrants/sortants de la balance de paiement. Par exemple, nous savons qu’il y’a cinq voies par lesquelles la majorité des pays en voie de développement s’endettent (2006, P. KRUGMAN, « Economie Internationale », 7ème édition de la trad. Française par CAPELLE-BLANCARD et CROZET, p.670, Nouveaux Horizons) :

- l’émission d’obligations; 

- les prêts bancaires;

- les prêts officiels auprès d’organismes internationaux à des taux  inférieurs à ceux du marché d’une part ;  

- les Investissements directs de l’Etranger (IDE).

- et les investissements de portefeuille.

Or, ces derniers sont parfois difficiles à remonter lorsque l’achat d’actions dans une Société contrôlé par l'Etat fait l’objet d’accords secrets ou lorsqu’un bien appartenant à l’Etat a été officieusement hypothéqué comme gage sur un emprunt à l’extérieur.

Toutefois, nous savons que ces Etats paient la dette extérieure dans la devise du préteur (ce qui explique le fait fait qu'ils ne peuvent pas utiliser le mécanisme consistant à utiliser l'inflation pour réduire la dette extérieure) ; aussi, tout flux financier sortant régulier en devise étrangère qui ne serait pas justifié deviendrait suspect et devrait faire l’objet d’investigations complémentaires. Cela pourrait être facilité avec la programmation d’un script qui capturerait automatiquement les transactions ascendantes y relatives (fait générateur)...

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