A quand la vulgarisation des normes SYSCOHADA révisé et IAS/IFRS à seulement moins de deux mois de l'entrée en vigueur des premières?

Publié le par mayilou brialy

Pas plus tard qu'hier, j'avais un entretien avec un expert-comptable installé à Brazzaville et à Pointe-Noire depuis près de 20 ans pour lui suggérer un produit qui lui permettrait d'automatiser le retraitement des comptes de bilan de ses clients au 01/01/2018 suivant le SYSCOHADA révisé afin de faciliter dans le temps la transition vers ces nouvelles normes sous-régionales. Soit dit en passant, il n'existe à ce jour aucune étude sérieuse sur l'impact que va avoir la migration des normes OHADA vers les normes SYSCOHADA sur les comptes de bilan des entreprises situées dans les 17 états ayant ratifié le nouvel Acte uniforme plus tôt dans l'année à défaut de centrales de bilans dignes de ce nom dans ces pays... Aussi, face à cette proposition, l'expert-comptable a naturellement loué l'initiative tout en soulevant un point important lié au fait que la majeure partie de ses clients n'y accordent aucune priorité à moins de 2 mois de l'entrée en vigueur...

Indéniablement, il y'a dans la sous-région un véritable fossé entre les cadres normatifs et les cadres opérationnels. Pour preuve, au Congo, bien qu'une instruction d'une ministère de l'Economie et des Finances interdit formellement les paiements en espèces et chèques certifiés de la TVA au delà d'un montant de 500.000 frs CFA dans l'optique de promouvoir la bancarisation des recettes du trésor Public, faites un tour le 20 de n'importe quel mois et vous verrez des contribuables et des agents du tresor qui continuent à manipuler les espèces au-delà de ce seuil. Sans compter le fait que les pénalités payées en espèces n’atterrissent jamais dans le compte du Tresor public ouvert à la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC). On se demande parfois si ce sont les textes qui abrutissent les hommes ou si ce sont au contraire les hommes qui annihilent les textes réglementaires pour le fruit de leur ventre...

Aussi, à quand non seulement ici mais aussi dans les autres pays la vulgarisation de ces nouvelles normes qui influencent même la manière dont les comptables réfléchissent aujourd'hui ? Je ne prendrais ici que deux exemples : l'instauration d'un compte « monnaie électronique » et la suppression des comptes « actifs immobilisés ».

Nous sommes tellement habitués avec la manipulation des espèces qu'on oublie vite que ce ne sont que des moyens de paiement. D'ailleurs, les premiers billets de banque édité à la banque de suède durant les Temps modernes n'étant en réalité qu'un accusé de réception ou une sorte de reçu que le banquier donnait à ses clients lorsqu'ils venaient effectuer leur dépôts en objet d'or. Bref !

Dans des pays comme la Suède, les espèces n'existeront plus dans peut-être 3 à 4 ans et la monnaie électronique est la règle, les espèces devenant l'exception.

Ainsi, le comptable qui jusqu'à ce jour continue instinctivement à constater la charge avant de comptabiliser le paiement des dépenses va devoir s'habituer à comptabiliser une bonne fois pour toute dans le mois, le trimestre ou l'année le paiement du carburant par exemple en débitant le nouveau compte 551 (« Monnaie-electronique »-Carburant) contre le crédit d'un compte caisse (571) ou banque (521) ou carte de crédit (515) chaque fois qu'un chauffeur va approvisionner sa carte électronique de carburant. La constatation de la charge en tant que tel se faisant de façon globale ou holistique entre le débit du compte 6053 contre le crédit du compte 551 (les frais bancaires rattachés se comptabilisant dans le compte 637). On peut multiplier les exemples en ajoutant les cartes de péages, les frais de téléphones etc. Le comptable qui avait une paperasse de bons de carburant à contrôler aura indubitablement un gain en temps et en espace pour la gestion de ses binders.

Comme vous pouvez l'imaginez, cela est une véritable évolution de pensée car le SYSCOHADA révisée nous enseigne simplement le concept du « porte-monnaie électronique ».

Dans la même veine, ce qu'on appelle « charges immobilisées » aujourd'hui ne figurera plus dans les comptes de l'actif immobilisés. En réalité, le concept même de « charges immobilisées » est en soi une aberration car l'on ne peut immobiliser une charge. Un actif est soit c'est une charge soit c'est une immobilisation incorporelle, corporelle ou financière...

Malheureusement, les cabinets représentants l'un des big For (KPMG, Ernest Young, Deloitte et PriceWhaterHouse) éparpillés dans cet espace économico-juridique ont mis une barrière à l'accès à cette formation en la facturant en moyenne à 556 euros par participant ! Les frais d'assistance relatif à la migration à part !

 

Note : L'Acte Uniforme du Droit Comptable et de l'Information Financière en sigle AUDCIF qui compte près de 1200 pages est gratuitement téléchargeable ici

 

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